Article "L'exposition au cocktail de polluants atmosphériques à de faibles doses augmente jusqu'à 16% le risque cardio-vasculaire sur la Métropole Lilloise"
Les variations géographiques de risque cardio-vasculaire ont jusqu'à aujourd'hui été associées à des effets combinés de précarité socio-économique et d'exposition à des polluants atmosphériques considérés individuellement.
Cependant, le cocktail complexe de polluants atmosphériques nécessite des approches intégrées de l'exposition des populations. L'objectif de cette étude était d'évaluer la relation entre la distribution spatiale de l'incidence de maladies coronariennes (CHD) et l'exposition combinée à de multiples polluants atmosphériques après ajustement sur la précarité sociale.
Nous avons collecté 3268 cas incidents habitant la Métropole Européenne de Lille (registre MONICA 2008-2011, 35-74 ans). L'incidence standardisée selon l'âge et le sexe a été modélisée à l'échelle des 500 quartiers. Un score environnemental (SEnv) a été calculé pour refléter le cumul d'exposition aux polluants atmosphériques (modélisations NO2 et PM10, bioaccumulation de 16 métaux dans les lichens, eutrophisation, empoussièrement). Une régression écologique a été utilisée pour évaluer les associations entre l'incidence de CHD et les variables écologiques, considérées comme tertiles (T3: quartiers les plus défavorisés/contaminés). Les modèles ont été ajustés sur la précarité socio-économique du quartier.
Une association significative est observée entre SEnv et l'incidence de CHD, montrant une influence globale de la pollution de l'air (RR[IC95%] = 1.08 [0.98–1.18] pour T2 et 1.16 [1.04–1.29] pour T3 ; tendance p=0,0151). L'analyse mono-polluant montre une association significative pour PM10, NO2, cadmium, cuivre, nickel et palladium. Au sein des grandes agglomérations, ces polluants semblent être principalement issus du trafic routier (gaz d'échappements, usures des pièces et infrastructures).
Après ajustement sur la précarité l'exposition au cocktail de polluants atmosphériques à de faibles doses augmente jusqu'à 16% le risque cardio-vasculaire sur la Métropole Lilloise. Dans un contexte de multi-exposition à de faibles doses, l'utilisation d'indices composite de pollution semble être une approche originale et robuste pour évaluer les risques sanitaires. Les perspectives de ces travaux sont de s'intéresser non seulement aux impacts de la pollution environnementale, mais aussi aux aménités, sources de bénéfices pour la santé.
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